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  • Alain Jacobs

Laurent Edouard: la nouvelle consultation de voyance.

Alain Jacobs :


Vous distinguez fort à propos sur votre site vos qualités de tarologue, de voyant, de thérapeute.

Si ces qualités peuvent se conjuguer, se multiplier, elles peuvent (ou doivent ?) tout aussi bien se distinguer l’une de l’autre, l’une pouvant aller sans l’autre.

Ne manque-t-on pas de balises claires et de garde-fous à leur sujet ?



Tout est une question de mots. Dans sa véritable acception, « tarologue » est synonyme de « thérapeute ». Rien à voir avec la voyance ! C’est ainsi que l’entendaient mes références totémiques comme Tchalaï, ou encore feue le Dr Denise Roussel au Canada. Elles pratiquaient un tarot psychologique qui n’en était pas pour autant totalement dépourvu d’une dimension divinatoire. L’appellation « tarologue » est galvaudée depuis des générations de praticiens de la voyance qui, pour nombre d’entre eux, n’ont pas la moindre idée de ce qu’est réellement le tarot de Marseille, et propagent à tort l’idée qu’il s’agit d’un jeu divinatoire. On peut en discuter sans fin, mais nous savons que, du strict point de vue historique, le tarot de Marseille naît à une époque où l’usage des cartes dans un but divinatoire n’était pas en vigueur ! N’est-ce pas une preuve suffisante que sa véritable fonction se situe ailleurs ?

L’exercice de la voyance, à mon sens, ne peut se dispenser de la dimension psychologique et thérapeutique sous peine de sombrer vers le dé-lire.

La voyance suppose plusieurs postulats dangereux pour le consultant. Le premier, c’est la notion de destin. Elle sous-tend que tout est écrit et qu’un déterminisme absolu rend impossible l’évitement de certaines situations de vie. C’est dangereux et déprimant. Une sorte de défaite de la volonté ! L’anéantissement du libre-arbitre.

Il est vraisemblable que chaque incarnation soit dirigée par une ligne conductrice, ce que les indiens nomment « le grand destin ». Nous ne pouvons nier que des impulsions créent des engrammes dès notre naissance. Tant du point de vue génétique que psycho-généalogique, par exemple. Nous connaissons les lois de l’hérédité, de la génétique, et de certains processus psychologiques qui se perpétuent de génération en génération. De ce point de vue, nous considèrerons alors qu’il existe une forme de déterminisme. Mais il n’est pas impossible à contourner et trouver des réponses thérapeutiques et médicales satisfaisantes, à condition d’être en capacité de reconnaître ces empreintes et de les traiter.

Le second postulat induit par la pratique de la voyance, c’est que le praticien possède un don, un pouvoir ; cela génère donc inévitablement une relation duelle malsaine, puisqu’elle repose sur le pouvoir de l’un sur l’autre. Impossible de cheminer à côté de l’autre et de « faire alliance avec lui » dans cette forme de relation. La capacité intuitive existe, le don est rare, exceptionnel. Mais il est aisé, avec beaucoup d’expérience, de le singer. Les mentalistes, les prestidigitateurs, savent très bien le faire ! C’est la raison pour laquelle les scientifiques intégristes jettent le bébé avec l’eau du bain, et défendent l’idée que les voyants ne sont que des manipulateurs pratiquant le « cold reading ». Une aptitude à exploiter les moindres manifestations/réactions du consultant, pour embrayer sur un discours troublant, susceptible d’être assimilé à une faculté paranormale.

La réalité, c’est que cette pratique du « cold reading » existe bel et bien, mais qu’elle n’englobe pas la totalité du phénomène de voyance. Il est vrai que pour amorcer l’état de voyance, nous avons souvent besoin de recourir à cette technique (pas toujours consciemment d’ailleurs). Mais la suite nous dépasse, et elle dépasse aussi les scientifiques ! Elle vient d’en Haut ! La voyance, en tant que capacité à percevoir le passé et le futur, existe vraiment ! Mais sa mise en œuvre est complexe, aléatoire, incertaine. C’est pour ces raisons que j’ai décidé de faire aussi autre chose que prévoir ou prédire ! Et c’est pourquoi je milite pour une re-définition de « la consultation de voyance ».

Nous manquons en effet de balises claires pour déterminer les pratiques des professionnels de la voyance. Un amalgame est entretenu, souvent par méconnaissance, parfois pour brouiller les pistes et entretenir l’idée de dons et de pouvoir. La sémantique de Madame Irma est galvaudée pour jeter le trouble et brouiller les cartes !


Un tarot peut-il induire un phénomène dit de voyance (en excluant le recours à une pré-définition des cartes) ?


Oui, sans aucun doute ! De par leur construction sacrée, car issue d’hommes de connaissance, les cartes du tarot de Marseille sont susceptibles de produire des phénomènes de voyance (entre autres). Encore faut-il s’entendre sur le mot « voyance » !

Nous pouvons considérer que ces images favorisent un accès à une connaissance irrationnelle, dans la mesure où cette information ne découle pas d’un raisonnement logique. Mais peut-on considérer que l’intuition est irrationnelle ? Ce n’est pas mon point de vue ! Elle est au contraire parfaitement rationnelle, naturelle, bien que le progrès technologique contribue à atrophier le potentiel neuronal dont elle dépend ! Notre cerveau n’est plus en capacité de solliciter l’information intuitive, l’homme moderne est victime d’une sorte de dégénérescente neuronale.

Vous avez tenu une déclaration des plus étonnantes : « Je ne suis plus voyant ».

Que vous est-il arrivé ?


Dans l’esprit collectif, être voyant, c’est disposer d’un don, a minima d’une capacité à prévoir le futur. C’est terriblement réducteur, et cela correspond de moins en moins à l’attente des nouveaux clients de la voyance (ceux qui sont lucides). Ces derniers ont compris que les choses n’étaient pas aussi simples, et que se prêter à cet exercice était trop souvent source de désillusion et de dangers psychologiques. Je ne dis pas qu’il est impossible de prédire le futur. Je dis qu’il faut élargir cette vision !

Être voyant, c’est avant tout remplir une fonction sociale que l’on ne trouve plus aujourd’hui dans d’autres corps de métier. Hier, les instituteurs, les curés, les médecins, avaient l’envie et les moyens d’écouter l’autre, de le conseiller, de l’accompagner dans ses états d’âme et ses questionnements existentiels. De nos jours, c’est devenu rare. Les temps ont changé et nos contemporains ne savent plus vers qui se tourner pour être écoutés et entendus ! C’est en premier lieu ce rôle fondamental que jouent les voyants, les vrais ! Ils pallient un vide sociétal.

Lorsque je déclare : « Je ne suis plus voyant, j’y ai renoncé », c’est à cette comédie paranormale, au rôle de Madame Irma ou de Nostradamus que je renonce. Je souhaite alors vivement offrir une approche plus humaniste, plus utile, plus lumineuse, plus riche, plus généreuse à mes visiteurs. La prédiction fait toujours partie du menu, mais elle n’est pas le plat principal. C’est plutôt… le dessert !


Davantage de précautions semblent prises par davantage de « praticiens », à tort ou à raison, mais n’est-il pas temps parallèlement de mettre les « consultants » face à leur propre responsabilité ? Pour se donner toutes les chances d’une rencontre fructueuse, chaque partie concernée ne se doit-elle pas d’avoir un but et des moyens précis ? Si d’un côté, il conviendrait d’annoncer ouvertement la prestation offerte, ne faudrait-il pas demander à qui vient consulter : « que venez-vous chercher » ?


C’est la question que je pose toujours avant de commencer mes consultations, et je ne manque jamais de rappeler à mes visiteurs qu’ils sont responsables et acteurs de leur incarnation ! Mais jamais coupables, parfois victimes d’une suite d’événements qu’ils ne sont pas parvenus à transcender.

Mais ne nous voilons pas la face, la question divinatoire prédomine nettement sur l’approche psychologique. Il est tellement plus simple de se plier au diktat du destin que d’entreprendre un travail pour le changer !


Vous avez très tôt été baigné par la philosophie spiritualiste.

S’adresser à un tarologue ou à un voyant n’est-il pas également un moyen de retrouver la trace de son âme ?


Retrouver la trace de son âme n’est pas une démarche commune, encore moins fréquente ! La tarologie, le psycho-tarot me semblent plus appropriés que la voyance pour tenter de s’en approcher. Nous sommes d’ailleurs bien dans le champ de compétences du tarologue avec un questionnement d’une telle envergure. La voyance répondra plus logiquement à des questionnements matérialistes.

Les cartes du tarot de Marseille constituent en quelque sorte une géographie de l’âme humaine, et permettent de situer le consultant dans un processus évolutif, commençant à l’incarnation et se terminant avec la mort du corps physique.

Ces cartes illustrent merveilleusement bien toutes les situations psychologiques et énergétiques (pour dire spirituelles, mais c’est encore un terme dont je me méfie) qu’une personne rencontre dans sa vie.

Vous arrive-t-il de rêver des cartes des tarots ? Vous parlent-elles parfois à travers vos rêves ?

Il serait formidable qu’elles se déploient pour donner vie à notre monde onirique même en cas de rêve éveillé !


Non, je ne rêve pas (encore) des cartes du tarot de Marseille ! Elles animent déjà tellement mon esprit à l’état de veille que je ne m’en plaindrai pas ! Par contre, elles se superposent souvent, sur les situations du quotidien. Elles me servent de repères pour analyser les événements, les clarifier, les comprendre, les accepter. En cela, je peux dire que je vis le tarot ! Ces bouts de cartons sont autre chose que de simples images. Au-delà de leur caractère archétypal, elles sont opératives, c’est-à-dire qu’elles agissent sur l’inconscient ou peut-être l’âme du consultant, et sont susceptibles d’induire une reconnexion avec l’essence de l’être. Une géométrie sacrée, mêlée à un savoir ancestral sur le pouvoir des couleurs, participe de ce phénomène. Les anciens maîtres-cartiers savaient ce qu’ils faisaient en créant cette imagerie. Elle ne peut pas être le fruit du hasard mais exprime au contraire une connaissance considérable de l’être humain.


Votre rencontre avec Tchalaï Unger aura été déterminante pour vous.

Dans quelle mesure ?


Ma rencontre avec Tchalaï Unger a bouleversé ma vie. Pas seulement celle du tarologue ! Nos chemins se sont croisés alors qu’elle avait terminé son enseignement. Elle a accepté de me rencontrer une première fois alors que je surgissais sur sa ligne téléphonique, littéralement happé et fasciné par la lecture de la notice 1981 qu’elle avait rédigée à l’époque pour les Éditions Grimaud, laquelle notice accompagnait le jeu de Paul Marteau plus connu sous l’appellation « Ancien tarot de Marseille ». Après une courte conversation, elle me donna rendez-vous chez elle, à Paris. Je ne rentrerai pas dans les détails de cette première entrevue, encore finement gravée dans ma mémoire.

Ce jour-là, Tchalaï s’est employée à démonter plus de quinze ans d’études tarologiques et m’a renvoyé sur les bancs de l’école maternelle de la tarologie ! Elle y sera parvenue en trois heures à peine. Trois heures d’émotions, de magie, de force et de confrontations intellectuelles. Je suis sorti de chez elle laminé, incapable de comprendre ce que je venais de vivre. Imaginez-vous un instant que, demain, une personne parvienne à vous démontrer que l’enseignement que vous avez acquis/reçu/intégré est erroné en grande partie ou, a minima, très subjectif !

Pendant plusieurs semaines, je ne lui donnais plus signe de vie. Je m’en sentais incapable. Mon ego blessé, mon raisonnement broyé, j’étais dans un profond malaise. Alors Tchalaï resurgit dans ma vie, en me téléphonant pour « prendre des nouvelles » ! S’ensuivit une succession de séances de travail, toutes plus difficiles et fascinantes les unes que les autres. Un travail sur moi-même avant tout. De la posture physique à l’état d’esprit, des croyances aux peurs, de la connaissance au savoir…

Une nouvelle étape fut franchie et notre relation évolua vers la complicité et l’amitié. Tchalaï faisait et fait toujours partie de ma vie. Son enseignement, à la mesure de sa lecture du tarot de Marseille, sonna comme une révélation. Il a laissé une empreinte indélébile dans ma mémoire et me sert au quotidien dans ma fonction de tarologue.


Le Tarot semble, pour certains, l’objet d’une quête. Et à peine pense-t-on l’avoir appréhendé qu’il se révèle sous un autre jour… Où en êtes-vous de votre propre pérégrination tarologique ?


Toujours sur les bancs de l’école maternelle ! Au mieux, au collège !

Disons que je suis en capacité de lire le tarot de Marseille de plusieurs manières, et à des niveaux de lecture différents : divinatoire, psychologique, énergétique. Mes connaissances historiques de ces images, je les dois à Jean-Claude Flornoy. A son tour, il aura ébranlé pléthore de croyances infondées ! Sur ce terrain, au-delà d’une grande amitié, il m’a tout apporté. De la même manière, il m’a livré sa compréhension unique et incomparable du chemin de vie que représente cette imagerie traditionnelle.

Les tarots n’étant pas tous tout-à-fait identiques, il est logique qu’on ne peut leur faire dire à tous les mêmes choses.

Je crois que pour vous, peu importe le jeu utilisé.

Dès lors, comment interviennent-ils dans votre pratique ?


Peu importe le jeu utilisé, à condition qu’il s’agisse d’un tarot de Marseille historique, conforme au canon graphique et à un ordonnancement qui autorise l’appellation « tarot de Marseille » ! Au fil du temps, les cartiers se sont copiés les uns les autres.

Le plus ancien TdM connu, celui de Jean Noblet (Paris, circa 1650), demeure mon préféré. Pas seulement parce qu’il est historiquement le plus vieux, mais aussi parce qu’il me sera présenté en 1998 par Jean-Claude Flornoy que j’ai rencontré à cette époque. Une histoire d’amitié hors du commun, une belle rencontre, celle d’un pair et d’un père ! Nous avons tous les deux fait une belle paire de complices pendant de longues années, avec parfois des tensions semblables à celles d’un fils qui se heurte à l’autorité d’un père parfois trop « dur » !

Jean Noblet bouscule les enseignements des auteurs contemporains sur le sujet. Son format, son graphisme atypique, synthétique, les détails de ces images, ébranlent nombre de certitudes dogmatiques prônées depuis des décennies sur le sujet, par des auteurs persuadés d’avoir percé les secrets du Tarot de Marseille. Trop de convictions tuent l’évolution du tarologue (celui qui étudie le tarot) par opposition au taromancien (qui en fait un usage essentiellement divinatoire). Nul ne peut prétendre connaître/maîtriser les Tarots de Marseille. Ils échappent toujours au chercheur qui sait faire taire son ego et son mental. Les Tarots de Marseille sont magiques et opératifs. Entendez par-là qu’ils produisent, grâce à leur géniale conception, de par leur tracé et leur mise en couleurs, des actions perceptibles sur les circuits neuro-biologiques de l’observateur, et notamment sur le système limbique, siège des émotions. Tchalaï évoquait dans certaines de ses conférences, la capacité de la carte de la justice à apaiser les schizophrènes ! Jean-Claude Flornoy ne cessa de conter des anecdotes incroyables sur les nombreuses observations qu’il avait constatées, en travaillant avec une patientèle inscrite dans une démarche thérapeutique. Ces images réveillent des mémoires anciennes chez le consultant, et lui permettent de se reconnecter à ses vieux traumatismes psychiques, pour les guérir, un peu à la manière de l’hypnose ericksonienne. Elles réveillent la blessure et, dans les mains d’un praticien solidement formé, elles conduisent à la reprogrammation d’engrammes douloureux en véritable catharsis.

Avez-vous toujours été Roi de Deniers?


J’ai corrélé cette image à une partie de mon identité il y a déjà très longtemps. C’est là encore, mon travail sur moi-même réalisé avec la collaboration de Tchalaï, qui se trouve à l’origine de cette analogie. En quelques mots, parce qu’il ne serait pas raisonnable de développer ici les raisons qui président à cette démarche, je vous répondrais que : « non, je n’ai pas toujours été « ROY DE DENIERs » ! J’étais avant cela « ROY DE BÂTONS » ! Ce qui constitue une bonne nouvelle, j’évolue, je change, donc je suis incarné et vivant !

















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